Fin de l’année 2014 je me rendais dans un bar à vin de Bordeaux spécialisé dans les grands crus : Max Bordeaux , pour une dégustation exceptionnelle: celle du fameux Château PALMER, 3ème grand cru classé 1855, de la sublime appellation MARGAUX.
C’était la date anniversaire de Max Bordeaux, et il y’avait un très joli champagne pour fêter çà: Le Champagne HUGUENOT TASSIN.
Un rapport qualité prix remarquable qui était « censé » se marier avec le caviar STURIA…je dis « censé », car le problème qui s’est posé pour plusieurs d’entre nous, fut que ce champagne était si délicieux qu’il ne restait plus grand chose dans le verre une fois la cuillère de caviar servie !
C’était à la fois une très belle façon de fêter son anniversaire et d’introniser la dégustation de ce qui s’est révélé pour moi un coup de foudre.
Pour nous parler du domaine le directeur général de CHATEAU PALMER, Mr Thomas DUROUX était présent.
- Nous avons commencé par le second vin du Château PALMER, L’ALTER EGO 2010:
Superbe couleur, très profonde, une robe rouge aux reflets violets qui donne envie de se perdre dedans et qui incite à poursuivre le voyage…. et quel voyage! Au nez, l’envoutement commence de manière rapide et spectaculaire. C’est une explosion de senteurs et d’émotions qui s’offre à nous : fruits noirs, rouges… Quelle élégance ! L’équilibre est magistral, une danse charnelle s’opère entre ce que j’aime appeler les groseilles et la réglisse. (Entendez par là le merlot et le cabernet sauvignon).Nous sommes dans la fraicheur , la gourmandise… et ceci ce n’est « que » le nez!
A ce stade je suis comblé, je pourrais m’arrêter là, je pourrais même dire que j’ai peur de continuer tellement ce nez me transporte, me parle, me charme.
Mais il faut que j’aille voir plus loin, la tentation est trop forte alors goutons :
L’attaque est veloutée, roulant sous la langue, l’enveloppant doucement, langoureusement mais avec classe, sans trop en faire. Les fruits prennent le relais de manière délicate, presque sans que l’on s’en aperçoive… je perçois dans la suite un peu de « verdure », de jeunesse, mais cela n’est pas vraiment gênant. En fait je me dis que ce vin est déjà exceptionnel et qu’il a encore du temps devant lui, que demander de plus?
La finale est magnifique, digne et toujours élégante, cette sensation dure, s’estompant lentement, un peu comme à la fin d’un feu d’artifice.
- Nous sommes passé ensuite au Château PALMER 2005 :
La couleur est là aussi superbe, très profonde. Cette teinte annonce quelque chose de grand et de marqué…poursuivons.
Le nez confirme cela, il est « solennel ». C’est le premier terme qui me vient, pour autant, ne croyez pas que je le trouve austère, il est d’une très grande richesse, d’une très grande classe. Ce vin c’est un peu comme l’entrée dans un palace, c’est classe et l’on pourrait presque imaginer les intendants nous servir une magnifique et élégante corbeille de fruits Cette élégante corbeille de fruits c’est ce château Palmer 2005.
En bouche, la suite est logique et cohérente avec le nez. L’équilibre est savamment dosé, fruité, les tanins sont fondus de manière très agréable. L’harmonie est au rendez vous. Peut être pourrions nous regretter une certaine légèreté ? Cette question me pousse à ressentir ce vin. Quand je le goute je suis envahi par la classe, l’élégance, le luxe. Mais pas le luxe ostentatoire : c’est cette légèreté qui ne le rend pas « bling-bling ». La finale en bouche me confirme cette idée, elle est classe dans la retenue, retenue à ne pas confondre avec de la faiblesse…ce vin n’en a pas fini de nous « habiller ».
- Puis ce fut au tour du Château PALMER 2001 :
M’étalerais-je sur la couleur ? Une belle couleur marquée, laissant présager de l’âge, mais pas tant que çà, un présage de longévité ?
Le nez est racé, animal mais dans une mesure très sobre.
L’attaque est franche tout en étant fine et élégante. Quand à la finale, malheur ! Elle fait ressortir le fromage pourtant très léger que je venais de manger il y’a quelques minutes. Quand je dis malheur je ne suis pas très sympa pour le fromage qui était un vrai délice.
Ce qui est intéressant et amusant, c’est que mon amie partage mon point de vue…pour une fois ! Le voyage se termine avec douceur et j’entend le directeur général dire que ce vin est un classique du château. Immédiatement une image me vient : ce vin est pour moi le « commun accord » …dans tous les sens du terme ! Car il nous rallie mon amie et moi sur le même point de vue (chose pas évidente !), et qu’il est le classique du château. Mais une chose est à ne pas oublier quand j’emploie cette métaphore, c’est que Palmer est un vin hors du commun.
- Et également le Château PALMER 1998 :
La couleur est rouge sombre avec des nuances orangées, il y’a de l’âge, mais comparativement au vin précédent (le 2001), je m’interroge… ce vin pourrait avoir l’air plus jeune ? Ou bien est-ce une erreur de ma part ? N’ayant pas les deux verres en face de moi pour comparer je ne peux lever cette interrogation.
Le nez est puissant, typique (donc élégant et gourmand) et s’engouffre dès les premiers instants. Je suis partagé entre les fruits noirs confits et l’image du sorbet de cassis.
La bouche quant à elle est affirmée, légèrement poivrée et râpeuse. Ce vin serait un régal sur de la viande, et somptueux dans un restaurant étoilé proposant un canard sauce au poivre vert.
Quand je pense au restaurant étoilé, c’est la finale de ce vin qui m’y pousse: elle est longue, très équilibrée, et surtout très distinguée. Il faut une cuisine d’exception pour ce vin d’exception.
- Pour conclure, nous avons terminé par un vin particulier,le XIX Century:
Ce vin est produit avec des cépages différents, c’est à dire qu’il y’a dans son assemblage quelque chose comme 15 % de syrah en provenance du Rhône. Le nom de cet assemblage vient d’une ancienne pratique qui consistait à faire cela…Monsieur DUROUX nous racontant une magnifique anecdote dans laquelle il découvre une mention « hermitagé » sur un Château LAFITTE (PAUILLAC 1er GCC ) des années du 19 ème siècle.
C’est le vin qui m’a le « moins » charmé mais qui portait la démarche la plus intéressante. Il n’en demeurait pas moins succulent, attention ! Il faut dire que les vins précédents m’ont tellement séduit par leur élégance et leur raffinement, qu’avant même de connaitre l’histoire de ce vin, j’avais eut un éclair sur ce vin dès le premier nez.
Quand je dis « éclair, » en fait c’est comme si un trait avait été tiré : on ressentait une délimitation nette entre les différents cépages, et je pense que je m’attendais à ressentir un mariage plus fondu me transportant de Palmer, de Margaux, aux berges du Rhône.
Il va sans dire que ce vin est excellent, mais Palmer ayant titillé ma sensibilité toute la soirée, j’ai quelque peu été bousculé par ce vin ! C’est donc une superbe initiative, illustrant la volonté de remise en question, de recherche, et elle ne peut être que saluée. Ce vin a conquis de nombreuses personnes durant la dégustation.
Vous l’aurez compris, Château PALMER m’a conquis, ce vin est tellement sensible , délicat, raffiné, élégant, complexe, envoutant que je pourrai me perdre dans la rédaction de ce post comme je me suis perdu dans la dégustation de ce magnifique château…
Encore merci MAX BORDEAUX d’avoir organisé une telle splendeur, et merci Mr Thomas DUROUX pour votre gentillesse et votre accessibilité.